Chronique du 06/12/2023 sur RLP 102.3FM

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Stéphane Lambert : Actualité, actualité. Alors déjà, qui sait écrire Bescherel ? Les jeunes, vous savez écrire Bescherel ? Je vois des sourires un peu crispés, là-bas… Lui, il est blasé… Les anciens comme moi, on est mort de rire 🙂

Bon, le classement PISA de cette année confirme ce que l’observation générale nous permet de constater depuis maintenant plusieurs années : le niveau scolaire de notre pays est en chute libre. Donc, j’avais effectivement constaté un fort décalage quand j’avais ramené ma fille d’Asie pour la scolariser en France. Eh bien non, je ne rêvais pas.

Alors déjà à l’époque, dans les années 2000, le niveau d’orthographe et de grammaire sur les lettres de candidature et autres curriculum-vitaes, pouvait être parfois, comment dirais-je, voilà, surprenant. C’est ce qu’on a appelé quelques années plus tard le syndrome « nénufar ». Certains ici comprendront peut-être. Donc ça, c’est pour la partie écriture. Parce que pour postuler à un job, il faut savoir écrire.

Donc ce sentiment s’est ensuite confirmé. J’ai d’ailleurs toujours des gens qui m’envoient de temps en temps leur CV en disant qu’ils adoreraient travailler chez moi, alors que mes bureaux de Paris sont fermés depuis 2002, et ceux de Bangkok depuis 2014. Donc ça, c’est pour la partie lecture. Parce que pour candidater à un job, un travail, il faut écrire, mais il faut aussi savoir lire. C’est important.

Bon néanmoins jusqu’à maintenant, et puis surtout quand on regardait les prétentions salariales des ingénieurs débutants, on avait l’impression qu’ils savaient compter. Enfin du moins qu’ils essayaient.

Mais là, catastrophe ! La dégringolade en mathématiques est historique. La France est désormais classée 23ème dans le niveau mondial des élèves de 15 ans. Derrière l’Irlande : alors moi j’y étais, quand on sait qu’on passe derrière l’Irlande au niveau scolaire, ça fait un peu peur… Et derrière l’Estonie. l’Estonie est aujourd’hui meilleure que nous ! Donc sans surprise, les champions de l’éducation scolaire sont toujours à Macao, Hong Kong, Tokyo, Singapour et disons-le, les écoles internationales de Bangkok.

Ah oui ! Et puis là-bas, on ne déprime pas. Parce qu’ici disons-le : je discute régulièrement avec des psychologues qui m’ont dit que les enfants sont sous une pression scolaire incroyable, que la compétition est infernale, et qu’ils le vivent mal. Je viens d’ailleurs de faire une émission consacrée à la sur-médication des enfants, que l’on shoote allègrement aux médicaments pour adultes, et dont les directrices d’école primaire indiquent qu’entre 30% et 50% de leurs effectifs ont des suivis psychologiques, d’orthophonies, ou des traitements psy à prendre à la cantine.

Donc c’est certainement cela, la fameuse modernité occidentale : le renversement du rôle de l’école, qui n’est plus là pour instruire mais pour éduquer à la place des parents et visiblement s’occuper de tout, d’absolument tout, sauf de ce qui les regarde au départ.

Parce que le problème, voyez-vous, c’est qu’après tout va avec. Par exemple, pour le permis de conduire, les taux de réussite à l’examen tombent carrément à moins de 50% en Île-de-France. Et oui, ça va avec : quand on ne sait ni lire, ni écrire, ni compter, forcément, on ne sait pas conduire.

Bon, donc, tous ces charmants chérubins ultra-performants, après, tentent de venir dans le monde du travail. Et là, c’est carrément la fête. Ils disent, et ils le disent tous, qu’ils ne trouvent rien qui corresponde à leurs aspirations. Et puis les employeurs, eux, se plaignent parce qu’ils ne trouvent personne pour venir travailler pour eux. Et puis en plus, comme on leur a bien expliqué qu’être entrepreneur, gagner de l’argent, faire des sous, c’était mal, et bien au final…

Ben oui, au final, au final ! Messieurs, que peut-on dire du niveau des jeunes qui arrivent dans le monde du travail ? Les candidats que vous croisez, ce que vous observez, là, qu’est-ce que vous en pensez ?

Alexandre Meynard : On va dire qu’on peut effectivement maintenant remarquer que si on reçoit un CV, s’il est bien rédigé et sans fautes, et ce n’est pas si courant. Maintenant, ça ne me semble pas dramatique, parce que je crois que, comme vous l’avez dit, les gens font plus de fautes, mais on dramatise moins, on lit moins, on comprend moins. Moi, ce que je retiens plutôt, c’est la capacité, le bon sens, l’initiative, l’envie, l’humeur. Et ça, ce n’est peut-être pas quelque chose qui s’apprend, mais qui est plus ou moins inné.

Stéphane Lambert : Est-ce qu’on leur apprend ça à l’école ? Est-ce qu’ils viennent le chercher chez vous quand ils travaillent ou est-ce qu’ils viennent avec ça déjà dans leur acquis, dans leur bagage scolaire ?

Alexandre Meynard : Sans doute pas. On voit une génération plutôt pessimiste. Moi, j’ai envie que les gens soient heureux chez moi, de bonne humeur. On peut se tromper, ce n’est pas interdit, le tout, c’est de ne pas reproduire. On peut prendre des initiatives, il faut les mesurer…

Stéphane Lambert : On a un problème, on corrige !

Alexandre Meynard : Évidemment. Moi, les gens qui sont avec moi aujourd’hui, sont des gens qui viennent de l’éducation et qui étaient en alternance. Je trouve que c’est une passerelle fantastique pour rejoindre les entreprises.

Stéphane Lambert : L’alternance, on en revient encore à l’alternance, bien sûr.

Alexandre Meynard : Et c’est des gens qui ont commencé en alternance et que j’ai recrutés. Donc, ils n’étaient pas parfaits, pas prêts à l’emploi.

Stéphane Lambert : Vous les avez accompagnés durant leur formation.

Alexandre Meynard : Absolument. Et c’est le potentiel et l’envie qui me semblent bien plus déterminants. Mais c’est vrai, quand on rédige un document, un contrat, un mandat, faire des fautes ou ne pas être vigilant sur ce que l’on écrit et sur le sens que ça a, ça peut être lourd de conséquences. Donc, en ce sens, oui, il faut être vigilant et c’est mieux d’arriver avec une bonne connaissance du français et une bonne compréhension de ce qu’on lit, de ce que l’on écrit, de ce que l’on fait écrire.

Stéphane Lambert : Oui, et puis un peu de culture générale, aussi. Tout à fait. Patrice, toi qui es impliqué auprès des entrepreneurs de manière générale.

Patrice Wallet : Non, moi, je n’ai pas trop envie de m’étaler là-dessus parce qu’on pourrait faire franchement une émission de trois heures, de quatre heures. Non, moi, ce qui m’agace franchement, c’est qu’une fois de plus, politiquement, on se dit surpris par ce classement et ça va faire la une des journaux, ça va faire la une de tous les débats possibles… Alors qu’on sait très bien qu’on a un niveau qui baisse d’année en année. On le sait bien puisque de toute façon, il a été voulu, il est orchestré par nos politiques depuis des années, qui donnent, offrent le baccalauréat à tous les français. Parce que politiquement parlant, c’est important pour eux d’offrir le baccalauréat à tous les enfants. On voit le résultat. Donc arrêtons d’être surpris de quelque chose qui est connu de tous, et revenons peut-être à des choses un peu plus intéressantes pour la société. Mais ça, ce sera une émission…

Stéphane Lambert : Oui, oui, oui, mais on va en parler avec M. Ménard.

Patrice Wallet : Oui, j’adorerais d’ailleurs qu’ici, à RLP, on puisse réunir, j’ai envie de dire, les acteurs de l’enseignement, les acteurs de l’éducation, des représentants aussi de parents d’élèves. Parce que là aussi, on a mis les parents d’élèves au cœur, j’ai envie de dire, de l’école. Est-ce que c’était un bon choix ? On peut en débattre. Bon, en tout cas…

Stéphane Lambert : Plus de passerelles entre l’éducation scolaire et le monde professionnel !

Patrice Wallet : Aujourd’hui, on va parler d’automobiles, on va parler de bagnoles. On va parler de trucs qui plaisent bien aux mecs et qui plaisent bien aux filles aussi, et puis on en a besoin.

Stéphane Lambert : Allez, ne bougez pas, c’est juste après ça.

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Chronique du 08/11/2023 sur RLP 102.3FM, par
Stéphane Lambert
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et

Patrice Wallet
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