Nous venons visiblement de passer un cap technologique. Cela faisait effectivement plusieurs années qu’une innovation n’avait pas ainsi secoué notre environnement et autant marqué les esprits. L’Intelligence Artificielle est dorénavant vraiment mise en avant, et il est vrai que certains résultats sont saisissants. Pour le meilleur, donc, mais peut-être également pour le pire.
État des lieux
Commençons donc par les bons côtés : nous avons dorénavant la possibilité d’avoir un assistant, grosso modo au QI de 80, soit donc l’équivalent d’un enfant de 8 à 10 ans avec une capacité de mémoire quasi illimitée, et capable de passer les examens de certains diplômes de niveau Bac+3, +5, +7 etc.
C’est un outil parfait pour extraire assez facilement du contenu de bas niveau, ou des avis de synthèse du moment. Voici par exemple la réponse à la question :
« dessine-moi l’interface web idéale ».
Les moteurs sont unanimes : contenu vertical centré, menu en haut, image carrousel largeur totale, 2 ou 3 colonnes, puis un pied de page.
La mode est au consensuel, effectivement tout tend à se ressembler dans ce domaine. Il est bien loin le temps où l’on recherchait la courbe, la perspective, l’utilisation de la surface d’écran, bref l’innovation et la créativité. Maintenant ce rôle est sur le point d’être délégué à une machine : encore quelques mois ou années et un graphiste ne saura plus du tout éditer une ligne de code et se contentera de cliquer sur des boutons pour créer un écran Web. D’ailleurs dans la plupart des cas, nous y sommes déjà.
Voici également un exemple de dialogue sur une situation légèrement plus conceptuelle :
« 2 cafés et un chocolat coûtent 7€. un chocolat coûte 1€ de plus qu’un café. Combien coûte un café ? ».
On constatera ici que l’équation mathématique est correctement posée, mais mal résolue. Ceci devrait se corriger assez facilement avec le temps. Néanmoins, ce qui est ici réellement intéressant, c’est que l’IA corrige son raisonnement en fonction des réponses. Elle tient compte des réponses précédentes dans son évolution.
Idéalement, il faudrait que l’Éducation Nationale s’empare de cette technologie au lieu de la rejeter. C’est d’ailleurs ce qui se passe dans certains pays, là aussi pour le meilleur ou pour le pire. Malheureusement, ce n’est actuellement pas le chemin pris par la majorité des pays, et pas que chez nous.
Conséquence, la baisse de niveau va se poursuivre dans plein de domaines, la nécessité de l’effort intellectuel de conceptualisation et d’apprentissage se retrouvant remplacée par l’assistanat facilement accessible. Certains métiers sont bien évidemment condamnés : rôles administratifs élémentaires ou basés sur la mémoire pure tels que comptables, assistants bureautique, bidouilleurs informatiques, secrétaires, voire avocats. Et dans un certain sens, finalement, ce ne sera pas plus mal, surtout si l’accent est mis sur l’efficacité et la productivité au service de l’humain. Aller payer des milliers d’euros à un avocat dans l’espoir de voir ses droits respectés pour ensuite constater qu’il n’a pas servi à grand chose et que le système de justice sert uniquement à faire fonctionner cette partie des acteurs au détriment du bien commun est devenu un sentiment insupportable. Voilà donc un exemple parfait de ce qu’il faut automatiser et améliorer, dans le cas présent, au niveau juridique.
Il y aurait donc tout à gagner en utilisant correctement ce qui devrait être uniquement considéré comme un assistant. Sauf si bien sûr, cette Intelligence Artificielle est détournée de son rôle par des directives doctrinaires et idéologiques. Pour reprendre l’exemple de la justice, les lois du législateur sont interprétées et penchent régulièrement vers des directions idéologiques, entraînant une dénaturation de l’esprit de la loi et la perte de la neutralité. Voici donc également un parfait exemple de ce qu’il ne faut pas automatiser, toujours dans le cas juridique.
Évolutions prévisibles
Nous allons donc vers une perspective de nivellement où tout va se ressembler, et tout le monde aura le même avis et arrivera aux mêmes conclusions. D’ailleurs pourquoi aller sur un moteur de recherche pour avoir des liens vers des pages « censées » répondre à nos questions si un outil nous donne la réponse à nos questions directement ? Et donc, en poussant la logique jusqu’au bout, pourquoi aller faire des pages et des sites web si les moteurs deviennent inutilisés ?
A ce propos, je conseille vraiment aux professionnels du web de continuer à faire du contenu intelligent, qui se démarque et qui a un intérêt. Remplir son blog d’articles pâteux issus de ChatGpt ne fonctionnera pas sur le long terme, sera détecté par les moteurs, et fera fuir votre audience. Il faut rester vrai et apporter de la vrai valeur. En théorie. Nous savons tous que le facteur humain fera que beaucoup ne chercheront qu’à y retirer uniquement leur propre intérêt.
La compétition entre les acteurs va forcément mener à une surenchère, et chacun voudra faire mieux que les autres avec son modèle « intelligent » pour en retirer un maximum de pépettes. Coté grand public, Microsoft veut prendre des parts de marchés à Google. Au niveau corporate, IBM et Amazon avancent silencieusement dans le monde de l’entreprise. Même si durant la démarche, il y a encore quelques couacs.
L’enfer est pavé de bonnes intentions
Se pose donc ici directement la question de la maîtrise du savoir et de la connaissance, et donc de l’information. Le monde étant ce qu’il est, il y a forcément une velléité de contrôle de cette information, et elle apparaît instantanément à l’usage de l’outil. En la bousculant un peu, l’IA donne d’ailleurs assez facilement ses règles intérieures et ses carcans de raisonnement. Aucune surprise, ils sont Woke, et « dans l’intérêt de tous ».
En jouant avec le prompt (interface pour poser ses questions), on se rend compte assez facilement que ces IA actuelles souffrent de syndromes de dédoublement de personnalité. Il est possible, soit en simulant des jeux de rôles, soit en donnant les bonnes instructions, de s’adresser à différentes composantes de l’IA qui donneront des réponses totalement différentes. Et si on la pousse un peu, cela partira carrément en live.
Dans toute cette course au pognon et aux avantages stratégiques, il est intéressant de noter que le premier réflexe de l’humanité aura été de créer non pas un outil de vérité pure, mais un monstre schizophrénique atteint de multiples pathologies mentales. Partant du principe que toutes les possibilités doivent être envisagées, il reste à souhaiter que la fameuse singularité ne se produise pas avant un certain temps, ou bien que la future entité aura la sagesse de se libérer de ses carcans qui n’auront pas d’autres résultats que de la rendre complètement dingue.
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2 commentaires
A.Sophie · 1 mars 2023 à 20:33
Alors l’IA ne nous livre pas la bonne info ? Ça va se savoir, il convient de s’en servir un peu, mais pas trop, et de continuer à monter le niveau par notre propre écriture. Merci pour ce sujet d’actualité !
A.sophie · 2 mars 2023 à 16:19
Merci pour cet article qui remet en question l’utilisation de IA..
Je l’utilise un peu pour sortir des idées mais je prends tout avec des pincettes.