Interview d’Eloise Benhammou pour son ouvrage Kleptocratie française
Comment les dépôts bancaires, cotisations sociales et avantages sociaux des Français sont massivement volés par les banques avec la complicité absolue des politiques.
Focus sur les indépendants et petits commerçants victimes des arnaques du RSI et des charges sociales.
Retranscription via Whisper de OpenAI :
RLP 102.3 avec aujourd’hui Héloïse Benhamou, auteure du livre « Kleptocratie Française » au jardin des livres, 21 euros que l’on trouve dans toutes les bonnes librairies ainsi que sur internet. « Kleptocratie Française, comment les dépôts bancaires, cotisations sociales et avantages sociaux des Français sont massivement volés par les banques avec la complicité absolue des politiques. » Donc on annonce la couleur, c’est absolument hallucinant, on se rend compte que les clés de l’économie française ont été données au secteur privé, que les indépendants et petits commerçants sont submergés de charges qui servent à alimenter les marchés et ces grandes banques. Nous allons donc en parler ensemble. Héloïse, bonjour, vous allez bien?
Bonjour, ça va très bien, merci, merci de m’avoir invité.
Bon, ça va, j’ai bien planté le décor, je n’ai pas fait d’erreur pour l’instant?
Non, parfait, 20 sur 20 🙂
Est-ce que vous pourriez nous parler un tout petit peu de vous, de ce livre, son histoire, qu’est-ce qui vous a amené à faire ça et en résumer rapidement ce qu’il y a dedans et pourquoi il faut le lire ?
Bien sûr, alors je travaille dans un cabinet d’expertise comptable, donc pour différentes entreprises et dans le cadre des déclarations que j’ai à faire pour mes clients, je me suis posé la question de savoir où allait tout cet argent qui est payé chaque mois par les entreprises pour des montants très importants puisqu’on prend parfois jusqu’à plus de la moitié de leur revenu pour le reverser aux organismes de sécurité sociale, pour des qualités de prestations derrière qui ne sont pas équivalentes à ce qui est prélevé. Donc je me suis posé la question de savoir où allait tout cet argent et puis je me suis rendu compte que finalement l’État était complètement encastré avec les marchés financiers qui administrent la sécurité sociale à la place de l’État, et qu’aujourd’hui on se retrouve dans une situation qui est très dangereuse puisque l’essentiel de la sécurité sociale notamment dépend du financement sur les marchés financiers. Donc j’ai commencé à enquêter, j’ai enquêté sur différents systèmes de sécurité sociale, le RSI notamment, qui a fait couler beaucoup d’entreprises et conduit parfois des chefs d’entreprise dans des situations pas très compliquées. Il y a eu des suicides aussi beaucoup à cause du RSI puisqu’après on va jusqu’à prendre, saisir les biens personnels pour alimenter ce système-là. Alors le RSI, Régime Social des Indépendants, qui était une monstruosité confiée plus ou moins au secteur privé, qui était absolument impossible à joindre, qui envoyait des demandes de cotisation absolument hallucinantes et incompréhensibles également et surtout dont les comptes n’ont absolument jamais été certifiés. Voilà, alors ça c’est vraiment la chose qui m’a stupéfaite, c’est que la comptabilité du RSI n’était pas certifiée par les commissaires aux comptes, ils refusaient de certifier la comptabilité de cet organisme-là, ce qui est grave au niveau de la loi, ça veut dire que la gestion du RSI était vraiment catastrophique. Il y avait des problèmes au niveau informatique, des dossiers qui étaient écrasés, des appels de cotisation qui étaient faits et qui étaient complètement erronés et les recours derrière pour les personnes qui subissent ça, qui reçoivent des appels de cotisation, des montants à payer très très élevés, incompréhensibles d’ailleurs, et qui ne correspondent pas à la comptabilité parfois. Qui ne correspondent pas forcément à ce qu’ils ont gagné et puis en fin de course, pour ce qui est de payer des retraites etc, les montants sont très très faibles.
Et surtout, on apprend en vous lisant que ce mode de calcul basé sur l’année N-1 est illégal.
Voilà, selon la législation qui est en vigueur, normalement les appels de cotisation doivent être faits sur ce qui a été réellement gagné sur la période concernée, alors que là on est sur des régularisations, des modes de calcul qui deviennent du coup très complexes et un système très opaque.
D’accord. Donc les recours après pour les cotisants deviennent aussi très compliqués. Donc vous avez levé aussi des loups, des lièvres sur la sécurité sociale.
Voilà, donc la plupart des organismes de la sécurité sociale sont en fait privés et fonctionnent sur ce modèle-là de financiarisation. On a donné les clés au marché financier pour gérer tout ça, puisqu’il n’y a pas assez aujourd’hui de moyens pour pouvoir payer les prestations. Donc on va chercher de l’argent sur les marchés financiers et puis finalement on s’est retrouvé dans un emballement avec un endettement perpétuel et donc des intérêts à payer au marché annuellement qui sont plusieurs dizaines de milliards d’euros.
Alors on arrive après à la partie effectivement sur la dette où on se rend compte que la dette est émise, fragmentée, réceptionnée, achetée, vendue par des commissions qui en fait sont tenues par des agents privés qui sont les mêmes en fait qui achètent et qui vendent.
Voilà, tout à fait.Tout à fait, dans des conditions très opaques puisqu’avec l’internationalisation de la finance, ça se passe à Londres, aux États-Unis, des banques américaines qui gèrent la sécurité sociale, une chambre de compensation à Luxembourg, donc des choses qui sont très opaques qui ne permettent pas vraiment de suivi et puis pour le coup lorsque j’ai enquêté et que j’ai eu à m’entretenir de ces sujets-là avec des élus de la République, des sénateurs notamment, ils ne sont pas du tout au courant de la manière dont est financée la sécurité sociale. Ils votent des budgets mais au-delà tout se passe dans les marchés financiers.
Alors est-ce qu’il est encore possible aujourd’hui de dire que ce sont véritablement nos impôts, nos cotisations qui financent les dépenses publiques ou alors est-ce que tout ce mécanisme de création monétaire, de gestion de la dette fait que ce ne sont plus vraiment nous qui payons les routes et il n’y a plus vraiment aucun sens collectif à tout cela?
Alors sur l’instant, les impôts et les cotisations sociales sont payés. Il y a une partie qui va à la redistribution, une partie qui va dans les marchés financiers mais on a complètement changé de dynamique avec ce système puisque si vous voulez aujourd’hui avec cet endettement on fait payer le poids du fonctionnement de la sécurité sociale aux générations futures. On n’est pas du tout sur un système par répartition où les actifs par exemple payent pour les retraités au même moment puisque tout fonctionne avec de l’endettement et une grande partie, beaucoup de ce système-là oblige à payer des intérêts très importants compte tenu des montants aux sociétés financières qui sont chargées de cette gestion. Ça les arrange bien que cette dette soit perpétuelle.
D’accord, les sociétés financières, c’est la BNP Paris-Bas, Société Générale, des banques internationales aussi, la JPMorgan, Goldman Sachs, la Deutsche Bank qu’on a vu aussi passer dans la liste de ces diverses commissions…
En fait, pour un indépendant qui vend des oranges ou qui fait du pain, donner 60-65% de l’argent qu’il récolte à l’État, est-ce que ça a encore du sens?
Écoutez, le risque aujourd’hui, c’est qu’en plus avec la conjonction actuelle exceptionnelle, il a fallu s’engager encore plus puisque tout de suite l’État n’avait pas du tout de réserve pour financer les dépenses exceptionnelles au niveau du coronavirus. Donc il a fallu emprunter encore plus sur les marchés financiers et le risque c’est qu’il va falloir derrière tout ça, évidemment, augmenter encore les prélèvements obligatoires. Donc il y aura deux conséquences, c’est que les gens ne voudront plus participer à ce système-là parce que les charges vont être trop élevées. Donc soit elles vont arrêter de travailler, il n’y aura plus de petites entreprises en France, soit elles vont frauder. Et le vrai risque que je pense aujourd’hui pour la société, c’est que le travail ne paye plus. On y est déjà quasiment d’ailleurs. Le travail ne paye plus parce que toutes les richesses qui sont créées servent à alimenter ce système-là avec de moins en moins de services publics. On l’a vu de manière très grande.
Pour avoir un peu voyagé dans quatre pays, nous avons en France des cotisations quasiment les plus élevées de la planète pour les services publics qui ne sont pas les meilleurs. On va le dire très clairement aujourd’hui en 2021, nous n’avons pas les meilleurs hôpitaux, les meilleurs services de la planète. Vraiment pas.
Non, pas du tout. Et puis il y en a de moins en moins parce qu’on paye de plus en plus pour de moins en moins de services.
D’accord. Très bien.
Dans les retraites qui diminuent, on a vu qu’à chaque fois il faut faire des réformes pour travailler plus longtemps, pour toucher moins. Donc on va aller de plus en plus vers plus de prélèvements obligatoires avec ce système-là pour moins de services publics, pour ne voir plus de services publics.
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Donc toujours avec Héloïse Benhamou, par rapport à cleptocratie française que nous venons de décrire : dites-moi, si vous deviez aujourd’hui en faire une seconde édition, qu’est-ce que vous rajouteriez?
Alors, s’agissant d’une édition augmentée, je rajouterais ce qui s’est passé dernièrement avec l’actualité. Mais je pense que le diagnostic qui avait été posé à l’époque était tout à fait exact. Puisque déjà en 2016, j’expliquais qu’il y aurait des mouvements sociaux à cause de ce système qui est inégalitaire et qui conduit les gens vers la pauvreté. Donc on a vu les mouvements des Gilets jaunes qui se sont produits après et qui s’inscrivent vraiment dans cette problématique et d’ailleurs, tout le monde a oublié qu’au départ des Gilets jaunes nous avions aussi tous les petits commerçants et les indépendants qui protestaient contre le RSI et les charges sociales. Le mouvement s’est ensuite transformé, on a parlé de France périphérique, mais au départ le soulèvement était massif et venait aussi de ceux qui créaient des richesses et qui travaillaient.
Tout à fait, bien sûr.
Il faut le préciser parce qu’on oublie un peu rapidement parfois, mais on avait déjà un début de jacquerie et de révolte des payeurs de cotisations sociales. On voit dans cette dynamique-là aussi d’augmentation des taxes qui a créé le mouvement qui a déclenché, qui a été l’étincelle qui a déclenché le mouvement aussi lorsque le gouvernement a annoncé qu’il allait augmenter les taxes sur le carburant. Donc petit à petit les gouvernements, même ceux qui arriveront après, ils vont essayer d’augmenter les taxes, même si c’est un petit peu par-ci, un petit peu par-là, et la population va résister parce que le travail ne paye plus et que les gens ont besoin de garder un minimum pour eux pour pouvoir vivre dignement. Et là, on arrive à une situation de rupture. Alors on verra comment est-ce que ça va évoluer, mais je pense que le diagnostic est celui-ci et qu’il y aura de plus en plus de troubles sociaux à cause de ces montants de prélèvements obligatoires qui deviennent insoutenables.
D’accord, ok, donc on rajouterait une partie sur cela. Est-ce que vous avez vu d’autres choses aussi qui sont liées à l’actualité?
À l’actualité ? Et bien écoutez, l’actualité, c’est aussi ça, c’est que l’État ne peut pas faire face à ses dépenses et là, ça devient critique parce qu’on a emprunté des centaines de milliards sur les marchés financiers pour financer la crise du coronavirus. On a fait fort en 2020 au niveau de la dette. On a pulvérisé tous les records. Et puis moi, je vois au cabinet d’expertise comptable, on a été un peu des urgentistes de l’économie parce que il fallait que les entreprises des gens puissent continuer à vivre. Donc on a mis en place tous les dispositifs de l’État pour qu’ils puissent bénéficier des aides. Et donc on a affaire à des populations qui souhaitaient être indépendantes, prendre des risques, créer des entreprises et qui deviennent totalement dépendantes de l’État, assistées par les aides publiques.
Oui, donc elles sont sponsorisées pour ne pas travailler ou travailler à moitié, et on les pousse à s’endetter, à faire des emprunts garantis par l’État pour payer en fait leurs dépenses de fonctionnement. Est-ce que c’est très sain?
Oui, alors qu’on ne sait pas s’il y aura une reprise après, lorsque les charges qui ont été reportées ou les crédits, les prêts garantis par l’État vont se déclencher, on ne sait pas s’il y aura de l’activité pour pouvoir faire face à ces charges-là. Et puis on a aussi oublié tous ceux qui n’allaient pas bien, ceux qui n’étaient pas à jour de leur cotisation, parce qu’on oublie un peu trop vite que pour avoir les aides de l’État, il faut être à jour des cotisations et on se base sur le chiffre de l’année précédente. Donc tous ceux qui s’étaient créés ou tous ceux qui avaient déjà du mal à payer leur cotisation, ces gens-là ont été abandonnés. Et c’est des gens qui se sont retrouvés dans des situations critiques parce qu’ils n’avaient plus du tout de revenus. Ils n’avaient plus de revenus, ils n’avaient plus d’aides, ils n’avaient pas droit aux aides, parce que quand vous ouvrez un commerce, l’État dit qu’on prend en charge une partie de vos résultats en fonction de ce qui s’est passé il y a un an.
Oui, mais s’il y a un an je n’étais pas encore ouvert, comment je fais?
Eh bien on ne fait pas. Et puis si j’allais pas bien et que j’ai du mal à payer mes rattrapages, URSSAF etc, eh bien je n’ai pas les aides. Il y a beaucoup, beaucoup de gens qui sont allés sur le carreau.
On va dire que ceux qui n’allaient pas bien ont été achevés en fait, quelque part.
Ceux qui n’allaient pas bien ont été achevés, et puis il y avait des entreprises qui vivotaient avant, parce qu’avec les mouvements sociaux aussi, l’économie était un petit peu en berne, donc ça les a achevés. Pour l’instant, il y en a qui profitent de ces dispositifs d’aide, mais ça ne veut pas dire qu’elles survivront lorsque l’on sortira de cette crise. Surtout si l’activité ne reprend pas.
Vous avez une visibilité, grosso modo, sur combien de structures dans votre activité? Vous comptez en dizaines, en centaines, en milliers?
Non, en centaines, et plutôt sur des petites entreprises, petites et moyennes entreprises.
C’est parfait, c’est exactement le discours que je tiens à tenir aujourd’hui dans cette direction-là. Vous avez une visibilité sur quelques centaines, on va dire, de TPE, PME. Elles se portent comment actuellement?
Écoutez, j’ai commencé à faire les bilans de 2020 depuis à peu près un mois. Évidemment, il y a beaucoup de sociétés qui sont en déficit, et puis il y a aussi le moral des entrepreneurs qui est en berne, parce que on ne sait pas vers quoi on va. On a un gouvernement qui pilote à vue et à très court terme. Donc on ne sait pas de quoi sera fait l’avenir d’ici les prochains mois. Même si on sort du confinement ou de ces couvre-feux, de ces dispositifs dont, en plus, on se demande quelle est l’utilité, la finalité, on ne sait pas si l’activité va reprendre. Parce que les modes de consommation ont changé, les étrangers ne viennent plus, il y a beaucoup de choses qui rentrent en compte. Donc ce n’est pas le seul fait que le gouvernement dise qu’on sort du confinement et que c’est terminé, qui fait que l’activité va reprendre automatiquement.
Globalement, on va dire que les TPE, PME, le tissu professionnel de notre société a été très impacté par cette crise Covid. Mais vous, est-ce que vous pensez que les grosses structures, les internationales, les grosses banques, les grosses sociétés ont été également autant impactées ?
Impactées, même sinistrées, pour ce qui est du tissu économique français. Pour les grosses entreprises, il y en a beaucoup qui vivent avec les aides de l’État, mais on a vu qu’il y avait eu beaucoup de faillites aussi, surtout dans les compagnies qui sont liées au tourisme.
Alors qu’est-ce qu’on répond à ceux qui disent que les flux financiers vont quitter les petits entrepreneurs pour aller vers Amazon, la grande distribution, les grandes structures, et que finalement, encore une fois, les grosses structures, et on va dire aussi les grosses banques, sont gagnantes dans tout ceci. Qu’est-ce que vous en dites, vous?
Il y a du vrai, et après, il faut mesurer, il ne faut pas avoir de visions dichotomiques.
Sur le général ! J’ai des exemples de petites structures qui ont été sauvées par l’État parce que l’État prenant en compte la charge salariale, effectivement, ils allaient beaucoup mieux après. Ça a existé aussi, ça existe aussi.
Voilà, après, je pense que la problématique avec Amazon est aussi un peu plus complexe, dans le sens où ils ont développé un business modèle qui fonctionne très bien, puisqu’ils ont des clients qui, quand même, achètent, ils ont leur chiffre d’affaires qui correspond aussi aux demandes passées, actuelles et passées. La situation a encore plus permis leur croissance, mais on est aussi en train de changer complètement de système économique. On est totalement en train de changer de système économique. Donc, les plateformes du numérique ont pris beaucoup d’importance. Il faut aussi que la France prenne ce tournant-là rapidement.
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Troisième partie, toujours avec Héloïse Benhamou, autour du livre « Kleptocratie française », qui raconte comment nos cotisations et avantages sociaux sont en fait détournés pour enrichir les marchés financiers, avec de moins en moins de services publics, en contrepartie de très hautes cotisations sociales. Je voulais vous demander, madame, vous qui êtes à Cabinet comptable et qui avez quand même écrit un livre avec, bon, il faut le dire, c’est un travail énorme, vous avez mis 193 annexes dans votre ouvrage, c’est-à-dire que vous avez mis 194 liens vers des documents tiers, vers des documents des études, des analyses, des interviews, des recherches, même parfois des communiqués de presse ou des éléments d’université, c’est-à-dire que vraiment, on a un gros, gros travail de fond. Donc, vous avez fourni une analyse vraiment sur l’environnement. Qu’est-ce que vous pouvez aujourd’hui, en fonction de vos recherches et de vos observations sur le tissu économique français, conseiller aux indépendants, aux TPE, PME, qui sont en fait les gens qui nous intéressent, nous, ce sont les gens comme vous et moi, comment est-ce qu’on résiste par rapport à cette pression fiscale, par rapport à cette dévalorisation du travail, cette difficulté qu’on a à l’autonomie, d’arriver à l’autonomie, à se nourrir soi-même, sans demander aux autres, avec tout ça. Comment vous leur parlez à tous ces gens, qu’est-ce que vous leur proposez?
Alors, bon, d’un point de vue microéconomique, je pense que les entreprises ont besoin d’être très bien conseillées sur la façon dont on crée une société, pour protéger leur patrimoine, pour être compétitive et pour pouvoir bénéficier d’une fiscalité plus avantageuse, même si aujourd’hui, ça devient de plus en plus difficile en France. Ce qui fait aussi qu’on observe des phénomènes comme des délocalisations d’entreprises en Europe ou ailleurs, pour pouvoir échapper un petit peu à cette pression fiscale, puisque l’État devient de plus en plus répressif. Il y a beaucoup de contrôles, des contrôles de l’URSSAF, des contrôles fiscaux, même avec les aides qui ont été données par l’État depuis quelques mois, on voit qu’il y a beaucoup de contrôles, pour voir dans quelles conditions les gens travaillent, est-ce qu’ils avaient vraiment le droit d’utiliser des aides, etc. Ce qui peut être normal, mais de savoir où va l’argent, évidemment. Mais c’est facile aussi de s’attaquer aux petites entreprises, donc c’est des cibles qui sont énormément privilégiées. C’est plus facile d’aller faire un contrôle fiscal ou d’URSSAF sur une petite entreprise que sur une société comme Amazon, comme on en parlait tout à l’heure. Donc au niveau des conseils, ça c’est ce qu’il y a à faire. C’est vrai qu’il y a des structures de sociétés qui sont plus intéressantes que d’autres.
Donc aller vers la responsabilité limitée, essayer de quitter tous ces statuts où on est, on va dire caution personnelle, où si jamais on n’arrive pas à payer les charges, ils viennent nous prendre le canapé. Essayer de trouver des systèmes.
C’était le problème du RSI, c’est qu’il était lié à un statut qui est celui des travailleurs indépendants, où le patrimoine du professionnel et le patrimoine personnel sont confondus. Maintenant, il y a d’autres structures qui se sont un peu démocratisées comme les sociétés par actions simplifiées, notamment l’unipersonnel pour les travailleurs qui veulent rester seuls et indépendants.
La SAS et la SASU, voilà.
Donc ça, c’est des choses qui se sont démocratisées, qui fonctionnent plutôt bien. Après, le problème est au niveau macroéconomique, mais surtout politique. C’est qu’il faut libérer le travail de ces charges, ces prélèvements obligatoires. Peut-être auditer aussi où va tout cet argent. Moi, j’ai fait un gros travail, je vous remercie de le souligner, sur des choses qui n’avaient jamais été mis en lumière, notamment le lien à cette espèce d’encastrement avec les marchés financiers et l’État.
Vous l’avez bien montré, c’est vraiment lisible, c’est atterrant d’ailleurs, on a du mal à y croire, mais les éléments sont là, tout est sourcé. J’encourage les gens à aller voir le livre. Je ne pourrais pas raconter 300 pages comme ça, avec 200 ou 300 notices en 10 minutes, mais j’encourage les gens qui sont intéressés, concernés à aller voir ce que vous avez écrit, parce qu’effectivement il y a un travail de recherche qui a été fait, bien sûr.
Je vous remercie. Au niveau national, il faut absolument libérer le travail. Il y a des amalgames très graves qui sont fait, notamment concernant Emmanuel Macron, qui est présenté comme un libéral alors qu’il applique un programme socialiste, à partir du moment où il y a de plus en plus de prélèvements obligatoires, qui passent leur temps à créer… De toute façon, en France, aujourd’hui, on n’invente plus que des taxes et des charges sociales.
Il nous a un petit peu remonté les quotas, les limites d’auto-entrepreneurs. Il a fait un petit peu ça.
Oui, mais bon, ils vont donner quelque part des petites miettes aux uns et ils vont le reprendre à puissance d’eux, à d’autres.
Oui, bien sûr.
Je parle vraiment d’une manière globale. On restera, quoi qu’il arrive, quoi qu’il arrive, j’espère pas, parce que moi, j’espère qu’il y aura une rupture. Je l’espère vraiment, parce que sinon, pour moi, je pense qu’on va avoir des heurts au sein de la société, voire peut-être des mouvements très violents.
Oui, et puis les gens vont créer des boîtes en Angleterre et dissimuler leurs revenus, tout simplement. Ils vont renoncer à être propriétaires, mettre des sous en liquide dans des boîtes en fer, et puis ils vont truander, parce que, autrement, ils ne travailleront pas.
Oui, il n’y aura plus de travail, il ne paiera plus. Le rapport entre l’effort fourni et le gain dont on peut bénéficier va devenir de plus en plus mince.
Quelles sont ces pistes d’un travail qui a été fait pour éventuellement quitter la sécurité sociale? Vous en avez entendu parler, vous avez creusé la question?
Bien sûr, bien sûr. J’ai été en contact avec de nombreuses associations qui ont permis à des travailleurs français de s’assurer à l’étranger, puisque le problème aussi avec la sécurité sociale, c’est son côté obligatoire. On ne laisse pas le choix aux Français que de s’assurer à ce système-là, alors qu’il existe d’autres moyens de financer des systèmes assuranciels de prestations sociales, qui peuvent être privés, qui s’en viennent aussi très bien. Et c’est ce que Claude Reichman, notamment, avait commencé à mettre en place, en permettant à des entreprises, à des entrepreneurs de s’assurer, par exemple en Angleterre, à moindre coût, et ils étaient mieux pris en charge que la sécurité sociale en France et la mutuelle cumulée.
La sécurité sociale qui est une structure privée, si j’ai bien compris, d’ailleurs?
Comme il y a beaucoup d’organismes qui sont de la sécurité sociale, on ne pourrait pas dire ça comme ça, mais la majorité des organismes sont privés. Il y a des structures au-dessus qui ont un statut public, mais qui sont gérées de manière privée, donc par les banques, mais c’est un petit peu mixte, on va dire. C’est mixte.
Donc on est ouvert au droit de la concurrence européen?
Normalement, oui. Le problème, c’est qu’en France, il y a ce monopole de la sécurité sociale. D’ailleurs, suite à ça, Claude Reichman a eu les foudres de l’État Providence, qui a fait voter des lois pour que toutes les personnes qui encourageraient à quitter la sécurité sociale soient presque brûlées sur la place publique, avec des amendes et puis des peines de prison.
L’argent de la sécurité sociale qui est placée sur les marchés, vous avez dit à un moment. J’ai cru voir passé ça.
Oui, c’est ça. La dette de la sécurité sociale vient des marchés financiers. Mais comme pour la dette de l’État, on est sur un système qui ne repose que sur le financement auprès des marchés financiers. Puisque si demain, il n’y avait plus cette manne d’argent qui permettait de financer cet État, le système ne fonctionnerait plus. Parce que les finances ne sont pas saines.
Bien, bien, bien. C’était donc Héloïse Benhamou, sur RLP, pour son livre Kleptocratie Française. J’espère que vous avez tous encore le moral et que vous avez encore envie de gérer votre boulangerie, votre artisanat local. Madame, nous vous remercions beaucoup. Est-ce que vous avez une actualité? Un nouveau projet qui arrive ? Un nouvel ouvrage ? Une édition augmentée? Dites-nous.
Merci à vous déjà de m’avoir laissé la parole, et je vais continuer à travailler sur ces sujets-là, un petit peu plus sur le terrain, on va dire. Et je prépare aussi un prochain livre, peut-être pour la fin de l’année.
Écoutez, n’hésitez pas à nous en parler, nous serons ravis. Merci, bonne journée à vous. Merci, au revoir.
A vous aussi, merci.
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